La barrière de séparation entre la bande de Gaza et Israël sera désertée ce vendredi. Quelques semaines après une nouvelle escalade militaire meurtrière avec l’État hébreu, le rassemblement hebdomadaire demandant le retour des réfugiés palestiniens sur leurs terres a été annulé pour la troisième fois consécutive. C’est une première depuis ses débuts en mars 2018.
Cette « mise en suspens » coïncide avec le dernier cessez-le-feu négocié avec l’État hébreu. Elle pourrait annoncer une fin programmée de ce mouvement au lourd bilan : plus de 310 Palestiniens tués par l’armée israélienne, et plus de 7 000 blessés par balle. Il s’agit d’éviter de donner au gouvernement de Benyamin Netanyahu une occasion de lancer une nouvelle escalade militaire.
C’est ce qu’affirme Assad Joudeh, du comité en charge du rassemblement. « Nous pensons, confie-t-il, que cette situation pourrait s’envenimer et nous ne voulons pas que les gens se rendent à la clôture quand nous sentons qu’il y a le moindre risque. »
La fin de la « marche du retour » ? Un dénouement souhaité par Mahmoud, blessé aux deux jambes lors d’une manifestation il y a plus d’un an. « Dieu merci, tout ça pourrait s’arrêter », lâche-t-il. Les dirigeants du Hamas ont utilisé cette marche comme un levier de pression pour négocier l’allègement du blocus israélien et faire entrer des millions de dollars du Qatar dans l’enclave.
Raison pour laquelle le rassemblement a peu à peu été délaissé, selon Mahmoud. « C’est une manifestation absurde. Ils nous envoient au casse-pipe et en tirent tous les bénéfices. Moi, je n’ai plus aucun espoir, ils ont détruit mon avenir. Que peut faire un jeune de 21 ans qui ne peut plus marcher ? », demande-t-il.